Remplacement des avocats par des robots, disparition des notaires, résolution des conflits en ligne, justice prédictive : le numérique n’en finit pas de bouleverser la justice en inquiétant les uns et en enthousiasmant les autres.
“Code is law…”, “le code c’est la loi”… C’était le verdict de Larry Lessig, éminent professeur de droit américain, il y a déjà bien longtemps, en 1999. Ce code – informatique – écrivait-il, définit la manière dont nous vivons dans le cyberespace. Il en est la langue universelle.
Vingt ans plus tard, la formule n’a pas pris une ride, au contraire : elle est plus que jamais d’actualité. Et si désormais, la loi, c’était le code ? Et si demain, les tribunaux délibéraient en ligne ? Et si les symboles, les rituels organiques qui sont attachés à ce pilier de nos sociétés, finissaient par s’estomper ? Et si demain, nous étions jugés par des algorithmes ?
Dit comme ça, c’est évidemment inquiétant et on peut difficilement s’empêcher de penser aux cauchemars quasi-ancestraux d’une société totalitaire, faite de procès expéditifs et de sentences irrévocables. C’est peut-être un peu excessif. Ou en tout cas, prématuré.
Passé l’effet de surprise, l’interrogation est au moins aussi morale qu’elle est technique : après avoir passé des siècles à écrire du droit et à construire des normes, serait-on sur le point de déléguer aux machines la capacité à rendre la justice ?