Remplacement des avocats par des robots, disparition des notaires, résolution des conflits en ligne, justice prédictive : le numérique n’en finit pas de bouleverser la justice en inquiétant les uns et en enthousiasmant les autres.
![Les algorithmes peuvent-ils nous juger ?](http://sn.blog-sti.fr/wp-content/uploads/2019/01/640_justice.jpg)
“Code is law…”, “le code c’est la loi”… C’était le verdict de Larry Lessig, éminent professeur de droit américain, il y a déjà bien longtemps, en 1999. Ce code – informatique – écrivait-il, définit la manière dont nous vivons dans le cyberespace. Il en est la langue universelle.
Vingt ans plus tard, la formule n’a pas pris une ride, au contraire : elle est plus que jamais d’actualité. Et si désormais, la loi, c’était le code ? Et si demain, les tribunaux délibéraient en ligne ? Et si les symboles, les rituels organiques qui sont attachés à ce pilier de nos sociétés, finissaient par s’estomper ? Et si demain, nous étions jugés par des algorithmes ?
Dit comme ça, c’est évidemment inquiétant et on peut difficilement s’empêcher de penser aux cauchemars quasi-ancestraux d’une société totalitaire, faite de procès expéditifs et de sentences irrévocables. C’est peut-être un peu excessif. Ou en tout cas, prématuré.
Passé l’effet de surprise, l’interrogation est au moins aussi morale qu’elle est technique : après avoir passé des siècles à écrire du droit et à construire des normes, serait-on sur le point de déléguer aux machines la capacité à rendre la justice ?